Née dans une famille de nobles, la jeune enfant évolua dans un milieu où les grands devaient être écoutés et où le devoir d’obéissance était primordial. Si dans un premier temps, elle suivait ses aînés par mimétisme -
surtout son frère -, elle sut très vite œuvrer par elle seule. Consciente de sa beauté juvénile, elle usait de ses charmes pour évoluer au milieu d’hommes socialement élevés. Durant ses seize premières années, avec son air angélique, elle séduisait son entourage en cultivant son insouciance enfantine.
Une seule personne pouvait ôter à Lysandre sa gaieté juvénile. C'était son frère. Lorsque celui-ci -
de 3 ans son aîné - préférait sortir le soir en charmante compagnie au lieu de rester avec elle, la brunette entrait dans des rages folles, détruisant tout ce qui passait entre ses mains. Ce comportement dura jusqu'à ses 16 ans. Ce soir là, son père était venu dans sa chambre pour la réprimander sévèrement et lui donner une leçon de vie.
Entre 16 et 18 ans, sa séduction se fit différente, plus charnelle : la jeune fille avait retenu les propos paternels selon lesquels si Cyprien préférait passer ses soirées avec d'autres filles, c'était son inexpérience à elle qui en était la cause. Aussi, passa t elle de mains en mains assouvissant des désirs masculins de plus en plus luxurieux. Finie l’époque du "
je m'assois sur les genoux pour attendre le goûter".
Malgré l’empressement de certains à vouloir aller plus loin, jamais la jeune fille n'écarta les cuisses. Celle-ci préservait sa virginité comme un trésor. Les hommes devaient se contenter d'offrir leur sexe comme une sucrerie à déguster avec la langue.
Lysandre pensait que cette préservation intime n'était due qu'à sa propre volonté, que le "
non" suffisait. Elle était loin - à cette époque - d'imaginer que son père - en accord avec le Roi - préservait sa fille pour mieux l'offrir à un autre.
Avec le temps, les désirs de la jeune fille se transformèrent en désir de femme. Elle voulait plus que servir de table à des messieurs ou de juments à flatter. Elle désirait ardemment que ses chairs intimes soient marquées. A chaque entrevue avec un homme, elle espérait qu'il accepterait d'accéder à cette grotte intime qu'elle rêvait de voir occuper. Mais, elle n'obtint pas satisfaction. Elle n'était en définitive pas maîtresse de sa destinée.
Le soir de sa majorité, elle eut confirmation de cela. Elle fut tirée de son lit par quatre mains froides et rigoureuses. Surprise, la jeune femme poussa un seul cri, le seul qui put sortir avant qu’elle ne soit violemment bâillonnée.
Nous ne voulons pas t’entendre.Ces quelques mots étaient prononcées si sèchement que Lysandre -
pas habituée à autant de froideur - fut terrifiée. Elle se laissa transporter dans une pièce sombre, éclairée seulement de quelques bougies. Une sensation pesante envahit son petit corps. Elle se laissa manipuler comme une poupée de chiffon. Elle était apeurée.
Installée, le dos sur une table, les cuisses écartées, elle attendait terrifiée la suite. Elle n’osait rien tenter pour retrouver de sa superbe juvénile. Un des deux hommes vint se poster devant elle, il ne portait rien d’autres qu’une chemise à jabot blanche et une cagoule dissimulant ainsi ses traits à la jeune femme.
C’est à moi que reviens l’honneur de te marquer sur ordre de Monsieur Votre Père.Sur ses mots, l’autre homme resté jusque là dans l’ombre s’avança. Il prit entre ses mains la tige qui allait l'envahir pour lui donner vigueur. Cette vision ne la laissait pas indifférente. Malgré la situation, voir un homme faire ce qu’elle faisait bien souvent créa une vague qu’elle ne put définir. Quelque chose en elle se passait. Elle s’imaginait préparer elle même le sceau qui allait la marquer. Voir des gestes qu’elle faisait habituellement, assister à cette scène sans pouvoir y participer donnaient naissance à une douce excitation. Perdue dans des limbes luxuriantes, Lysandre ne remarqua pas la cessation des mouvements. C’est dans la douleur qu’elle revint à la réalité. Le bâillon étouffa ses cris. Voulant se relever, elle fut maintenue sur la table pour l’autre homme.
Oh que non ! Tu vas rester là et subir mes attaques jusqu’à ce que tu cries grâce et réclames la libération.L'homme était passé du vouvoiement au tutoiement prenant ainsi un ascendant sur Lysandre qui dut subir des assauts de plus en plus violents. Après plusieurs tentatives pour lui échapper, elle dut se résoudre à subir ses allées et venues en elle et dut reconnaître qu’elle appréciait de plus en plus le traitement qu’il lui infligeait. Elle ne bougea plus, les mains crispées sur la table. En elle, couvait un feu tel que les assauts de son amant-bourreau ne faisaient qu’alimenter. Elle devait admettre que se faire malmener lui plaisait.
Une fois la douleur passée, elle vivait pleinement l’excitation que l’entrave - qu’exerçait le deuxième homme - qui l’obligeait à subir sans bouger, sans crier lui procurait.
Aux bords de l’apoplexie, elle n’était plus maîtresse de son corps et de son esprit. Elle s’était laissée envahir par l’océan de désir qui avait pris source au creux de ses reins et qui était alimenté par les coups de rein donnés de plus en plus violemment par l’homme masqué. Submergée -
totalement à la merci de cette déferlante jouissive - Lysandre s’était laissée aller à fermer les yeux. Aussitôt la voix de son premier amant retentit lui ordonnant de les maintenir ouvert. Ramenée à la réalité quelques secondes seulement, elle obtempéra. C’est alors que la cagoule fut enlevée et jetée en arrière.
Lysandre étouffa un cri de stupeur dans son bâillon et écarquilla les yeux. Tout son corps se tendit.
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Au lendemain de sa première expérience, Lysandre était une autre femme. La jeune ingénue avait laissé la place à une jeune femme désireuse de connaître encore et encore les plaisirs de la chair : elle était devenue femme et ainsi avait laissé derrière elle l’adolescente qu’elle était. Une attirance sans bornes pour la luxure était née en elle.
Et cette naissance, elle la devait à son propre frère. C’était à lui qu’était revenu l’honneur de la faire passer brutalement à l’âge adulte. Après un spasme ultime ravageur et après l’avoir inondé de sa propre semence, il lui avait appris que c’était leur père qui tirait les ficelles de leurs assouvissements en matière sexuelle. Monsieur De Sade avait toujours aimé manipuler ses enfants et au final les pousser dans les bras l'un de l'autre. Il avait fait germer cette folie qui avec les années allait prendre de l'ampleur et les consumait tous les deux.
De ce jour, le souvenir de ce qu’elle avait vécu et du plaisir ressenti ne la quitta plus. Elle voulait tout connaître et était prête à tout pour y arriver. Elle avait pactisé avec le diable, elle la jeune noble issue d’une famille catholique. De vils sentiments apparurent.
Elle devint capricieuse dés lors qu’un homme lui refusait le plaisir de la chair. Elle ne supportait ni le non ni la frustration. Aussi, fut il décidé, pour ses 20 ans, qu’elle commencerait l’Education. Lysandre devait suivre les enseignements ancestraux et apprendre qu’elle ne pouvait décider de rien. Et elle espérait intérieurement que cette tâche reviendrait à son frère qui avait retrouvé son rang de noble et par là même avait la possibilité de prendre esclave.
L’entêtement de la jeune femme -
et sa frustration de ne pas avoir été placée entre les mains de son frère - à ne pas vouloir se plier aux us et coutumes d’Ambrosia la poussa irrémédiablement dans les filets de la Reine et de son Ministre. Tous les deux étaient responsables de l’organisation du Royaume et ne pouvaient qu’apprécier remettre dans le droit chemin une jeune capricieuse entêtée telle que Lysandre. Ainsi, fut elle rapidement un jouet entre leurs mains. Passant de l’un à l’autre, se soumettant plus ou moins de bonnes grâces. Les enseignements dispensés furent tantôt durs tantôt souples. L’un comme l’autre s’amusait à la pousser chaque fois un peu plus loin aux limites du vice. Réduite à l’état de chose malléable, Lysandre connut tous les plaisirs entre les mains de ses deux Maîtres tortionnaires auxquels elle cachait l'existence de son frère. Avec eux, elle vivait ce qu'elle aurait voulu vivre avec son frère. Avec eux, elle entretenait cette folie née des manipulations diverses de son père et de l'abandon de son frère.
Lilith De Choiseul et Lucius De Plaisant ne ménagèrent ni le corps ni l’esprit de Lysandre. L’un comme l’autre avait tous les droits sur elle. C’est sans ménagement qu’ils usaient, abusaient d’elle. Si Lysandre avait eu du mal au début à se soumettre à la Reine, elle avait très vite été attirée par cette femme charismatique. Complètement subjuguée, elle avait même dépassé ses réticences à vivre une relation saphique. Souvent le soir, elle la rejoignait pour simplement passer la nuit à ses côtés sans que rien ne se passe. Elle l'écoutait lui lire le conte de son enfance et s'endormait paisiblement.
Lysandre progressait dans son Education. Elle apprenait à servir n’importe qui mais en priorité la Reine et son Ministre. Elle fut même l’esclave d’une femme du peuple à la demande de la Reine. Lysandre cette fois là se sentit rabaisser, humilier. Elle en aurait presque pleuré si la femme en question lui en avait laissé l’occasion. Elle avait été obligée d’accepter d’être fouillée par une grosse main sale, d’honorer une femme à l’hygiène douteuse. Lysandre avait - ce jour là - maudit encore plus son frère et encensé dans son esprit la personne à qui elle obéissait - La Reine. Ces pensées lui permettaient de subir les pires outrages, les humiliations les plus tordues sans que sa folie prenne le dessus et la rende violente, agressive.
Les jours se suivaient et Lysandre s'attachait de plus en plus à ses dresseurs. Elle répondait aux moindres de leurs attentes, se pliant à leurs moindres désirs même les plus noirs, les plus sombres. Son Education prenant fin, elle fut ramenée à la cour. Après entretien royal, son rang de noble lui fut rendu. Ainsi, naquit, pour la seconde fois, Lysandre De Sade. Peu de temps après, un changement dans ses relations avec Lilith de Choiseul et Lucius de Plaisant s’opéra. Elle fut délaissée par ses Maîtres. La brunette connut ainsi un second abandon et plongea définitivement dans la folie.
La Reine se détachait d’elle pour se consacrer à sa Favorite. Lysandre tomba dans une spirale infernale. La jalousie haineuse s'empara d'elle la conduisant rapidement à vouloir retrouver sa place et à éliminer Helène de Valene. Elle avait laissé Cyprien s'éloigner d'elle, elle ne ferait pas deux fois la même erreur. C’est ainsi qu’elle se retrouva à côtoyer Eric de Soucroix. Elle avait besoin de ses filtres pour retrouver les faveurs de la Reine et par ricochet se soumettre de nouveau au Ministre.
Malgré les risques encourus à commercer avec Eric de Soucroix depuis l'empoisonnement du Maître de la Reine, la jeune femme ne put se résoudre à quitter ce monde composé de trafics en tout genre. Elle tomba même dans l’argent facile, vendant ses charmes aux hommes et femmes qu’elle subjuguait. Elle jouait de son air angélique pour se faire discrète et ainsi cacher ses activités lucratives à la cour en général et aux hommes de la sécurité d’Ambrosia en particulier. Nul ne savait pour l’heure ce que Lysandre pouvait bien faire quand elle sortait dans la cité et se rendait à la maison des vices et délices tenue par Madame Duval.